Propositions pour une politique de la petite enfance en Suisse (2019)

Beaucoup de choses ont changé pour les jeunes enfants et leurs familles: l’offre d’accueil extrafamilial s’est accrue et s’est améliorée du point de vue de la qualité. Toutefois, des problèmes subsistent: en bien des endroits, les conditions cadres ne sont pas réunies pour permettre un bon travail pédagogique, les possibilités d’accueil adaptées aux besoins sont insuffisantes et les coûts élevés grèvent les budgets des familles. La Commission suisse pour l’UNESCO appelle maintenant à franchir le pas de manière décisive et présente des propositions pour une politique de la petite enfance en Suisse dans une nouvelle publication.

« Éducation et accueil des jeunes enfants » (EAJE)
Les expériences d’apprentissage au cours des premières années de la vie constituent la base du développement de chaque enfant. Tout ce que l’on entend par « éducation et accueil des jeunes enfants » (EAJE) – également souvent appelé encouragement précoce – englobe ce qui facilite ce démarrage de l’apprentissage tout au long de la vie. Cela va des soins de santé durant la grossesse aux mesures de formation et de conseil destinées aux parents, en passant par les prestations des groupes de jeu et les crèches. Toutes ces offres ne visent pas à remplacer les familles, mais à les soutenir pour favoriser une croissance équilibrée des enfants. Au cours des dernières années, la Confédération, les cantons et les communes, de même que des initiatives privées et des fondations indépendantes, ont commencé à améliorer les conditions cadre pour le développement de l’enfant. Mais il reste encore beaucoup à faire. Les mesures prises jusqu’à présent resteront un patchwork peu efficace si une politique cohérente ne parvient pas à être établie aux différents échelons étatiques et en association avec la société civile.

Une politique en faveur des enfants et de leurs familles 
Afin que tous les enfants en Suisse bénéficient des mêmes chances, il est urgent de mettre en place une politique de la petite enfance. C’est ce que demande la Commission suisse pour l’UNESCO, qui s’engage depuis 2006 dans la thématique de l’éducation de la petite enfance. Des conditions cadres propices à l’élaboration d’offres de haute qualité et accessibles à toutes et tous ne pourront être créées que de cette manière. La Commission se fonde en premier lieu sur les besoins des enfants et de leurs personnes de référence: une politique de la petite enfance favorise une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, et assure une plus grande égalité des chances lors de l’entrée à l’école enfantine. La nouvelle publication présente les quatre piliers d’une politique de la petite enfance:

• Les offres doivent être accessibles à toutes et tous.
• Les acteurs impliqués doivent se coordonner et se mettre en réseau.
• La qualité des services d’EAJE doit être assurée et améliorée.
• Le financement des mesures, conçu comme un investissement dans l’avenir, doit être renforcé.

Ces mesures impliquent une approche coordonnée des différents domaines politiques directement concernés par la petite enfance. De plus, une action commune des différents niveaux politiques, communes, villes, régions, cantons et Confédération, est nécessaire. La Commission suisse pour l’UNESCO a d’ailleurs élaboré cette nouvelle publication en y associant de nombreux responsables politiques et spécialistes venant de toutes les régions du pays.

Investir dans la petite enfance est profitable
De nombreuses études démontrent que les investissements dans l’éducation de la petite enfance sont très rentables. En effet, les enfants qui bénéficient d’une éducation de qualité, d’un bon accompagnement et d’un bon encadrement dès le plus jeune âge seront en meilleure santé, plus satisfaits, et connaîtront une plus grande réussite. Une politique de la petite enfance est donc intéressante aussi au niveau économique. Elle démontre son utilité, non seulement parce qu’un encouragement précoce accessible, de haute qualité et coordonné profite aux enfants eux-mêmes et à leurs familles, mais également, en fin de compte, à la société dans son ensemble. Si les investissements devaient encore être reportés, un potentiel important resterait inexploité.

Une contribution à l’Agenda 2030
La Commission suisse pour l’UNESCO soutient les objectifs mondiaux des Nations Unies en matière d’éducation, formulés dans l’Agenda 2030 pour un développement durable. Il y est question, entre autres, de « faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire ». La Suisse est elle aussi appelée à réaliser cet objectif sur le plan national. La nouvelle publication de la commission « Instaurer une politique de la petite enfance », disponible en français, allemand et italien, vient apporter une contribution décisive pour répondre à cet enjeu.

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