Entretien avec les deux pionnières de «CHIKU»

Regina Dobler (à gauche) est éducatrice à la crèche-garderie d’Appenzell, Anna Beck-Wörner est médiatrice culturelle au musée d’art Ziegelhütte Appenzell. Photo: Kathrin Schulthess. Lieu: OFFCUT-Zürich

Quand Anna Beck-Wörner et Regina Dobler disent «CHIKU», elles parlent de «CHInderhort und KUnst» (crèche et art). Pendant neuf mois, les deux femmes ont accompagné des enfants de la crèche-garderie d’Appenzell au musée d’art Ziegelhütte.

Entretien: Monika Gut, im November 2018

Quelle était votre motivation à participer à Lapurla avec le projet CHIKU?

AB: Je me demandais si ce qui était décrit dans la brochure thématique fonctionnait vraiment. L’exposition actuelle «Bauplatz Kreativität» (Chantier créativité) semblait idéale pour travailler avec des groupes de tout-petits.

RD: Je souhaitais montrer un nouveau monde aux enfants, éventuellement les ouvrir à un nouveau niveau de conscience. Qu’y a-t-il de plus que Legoland? Des images, des sculptures, créer avec ses mains. Je voulais permettre aux enfants «d’ouvrir un nouveau tiroir».

AB: En Appenzell, nous avons peut-être pris un peu d’avance en ce qui concerne les offres pour les enfants. L’atelier «Goofe» (gamins) pour enfants dès 6 ans existe déjà. Dans le cadre de «CHIKU», nous avons pu créer un environnement permettant aux jeunes enfants d’apprendre à connaître un lieu artistique de manière respectueuse

RD: Les parents des enfants ont été immédiatement enthousiastes. Particulièrement ceux qui ne vont pas au musée.

AB: C’était aussi très agréable d’entendre des autres visiteurs/visiteuses combien ils/elles appréciaient ce que nous faisions avec les enfants et ils/elles avaient eu du plaisir à les regarder.

Quels ont été les plus beaux moments pour vous?

RD: Il y a eu plusieurs moments inoubliables. J’ai été très touchée de voir que les enfants étaient tellement concentrés qu’ils s’oubliaient. Une énergie très positive en a résulté.

AB: Pour moi, il s’agit également de ces moments de création. Comme ce petit garçon de 2 ans, qui semblait un peu dépassé par ce grand espace au début. À la fin, il était assis là comme si de rien n’était et faisait simplement un collage.

RD: Et il a écrit des cartes pour sa maman et son papa.

AB: Les enfants ont besoin d’un cadre et de matériel. Puis ils s’y mettent, pendant un long moment.

RD: Les enfants étaient beaucoup plus calmes dans ce nouvel environnement. D’une certaine manière, ils ont immédiatement senti qu’ils se trouvaient comme dans un lieu saint. Nous n’avons pas eu besoin de leur dire de ne pas toucher ceci ou cela.

AB: Effectivement. Les huit enfants se sont montrés extrêmement concentrés. C’était très impressionnant.

Vous formez une bonne équipe. Que faut-il d’autre pour qu’un tel projet fonctionne?

RD: Il est nécessaire de rester ouvert dans le travail avec les enfants. On ne peut pas s’en tenir strictement à la règle. Cela peut aider de prendre chaque situation comme elle vient et de se dire simplement que c’est bien comme ça. Cela demande évidemment un certain détachement.

AB: Exactement, les responsables de projet doivent faire preuve de flexibilité et un nombre suffisant d’adultes doivent être présents. Et nous avions une salle ouverte, disponible, dans laquelle les enfants pouvaient bouger librement. Nous avons pu créer un cadre adéquat pour les enfants dans cet environnement qui n’était pas vraiment fait pour eux.

De plus, la direction et l’équipe doivent soutenir le projet – ce qui était le cas à 100% au musée d’art Ziegelhütte. C’est aussi pour cette raison que le projet a généré tant de plaisir.

Lors du vernissage-finissage, les nombreux visiteur et visiteuses présents ont tous eu beaucoup de plaisir à CHIKU. Nous planifions déjà un nouveau projet semblable pour l’année prochaine. Car les expériences avec les enfants nous ont énormément apporté.